Programmation des Midis de l’IEAM (automne 2025)

Programmation des Midis de l’IEAM (automne 2025)

Lundi 15 septembre, 11h30-12h20
« Mission accomplished ? Triompher sans victoire et gagner sans triomphe sous Tibère »
Claudio Vacanti, Université de Picardie Jules Vernes, Centre de recherche TRAME

Pendant plus de sept ans, Rome proclame des victoires contre Tacfarinas, sans jamais pouvoir les définir comme décisives. Les triomphes s’enchaînent, les titulatures s’allongent, et une inscription à Vénus Erycine annonce même la fin du conflit… alors que la guerre continue. Ce n’est qu’en 24 apr. J.-C., lorsque Tacfarinas est éliminé par Cornelius Dolabella, que la guerre prend réellement fin — sans triomphe, ni reconnaissance. Cette conférence revient sur cette construction inversée du récit impérial : une série de victoires officiellement célébrées, suivies d’un succès militaire authentique que l’on choisit de passer sous silence. À travers les sources littéraires et épigraphiques, elle interroge le rôle de la propagande dans la gestion politique de la guerre : quand annoncer la victoire compte plus que la remporter.


Lundi 6 octobre, 11h30-12h20
« Le vœu, un rite souvent méconnu »
John Scheid, Collège de France et Académie des Inscriptions et Belles-Lettres

Les vœux ne sont pas de simples dons aux dieux romains. Il s’agit en fait de contrats rituels qui promettent un sacrifice ou un objet contre la prestation d’un service précis demandé à la divinité. Le terme moderne, employé indistinctement par beaucoup d’auteurs pour de véritables vœux et de simples dons immédiats, introduit donc une confusion d’autant plus regrettable que certains historiens refusent d’admettre le côté contractuel du vœu. Il convient donc d’employer ces termes et notions de façon prudente. 


Lundi 20 octobre, 11h30-12h20
« Renaissance et survivances de l’esclavage des Anciens dans l’Europe moderne et contemporaine » Paulin Ismard, Aix Marseille Université

Quel rôle a joué la référence à l’esclavage antique dans l’invention du travail libre dans l’Europe des XVIIIe et XIXe siècle ? Je tenterai d’étayer l’hypothèse suivante, à première vue paradoxale : le droit de l’esclavage gréco-romain a configuré dans certaines de ses dimensions essentielles la relation de travail en Europe depuis le début de l’ère industrielle. Aussi, pour le formuler à l’aide de termes grecs, l’origine proprement despotique de la relation de travail tiendrait à la subsistance, en son noyau dogmatique, de la relation entre un despotês (maître) et son esclave. L’argumentation suivra une double piste : il s’agira d’une part de montrer le rôle joué par la catégorie juridique romaine de la locatio operarum, étroitement associée à la pratique du louage d’esclave, dans l’élaboration du contrat de travail depuis le début du XVIIIe s. ; je montrerai d’autre part la façon dont l’esclavage des Anciens a été invoqué par de nombreux auteurs du  XVIIIe s. comme un modèle fructueux pour penser la liberté du travail .


Lundi le 1er décembre, 11h30-12h20
M-othering in Antiquity: Figurines of Adults and Children in Ritual and Social Contexts
Giulia Pedrucci, Université Comenius à Bratislava

Cette conférence explore les croisements entre religion, genre et culture matérielle à travers l’étude de figurines votives représentant des adultes accompagnés d’enfants dans le monde méditerranéen antique. En mobilisant des corpus issus de la Grèce et de l’Italie, j’examinerai la fonction de ces figurines dans les contextes rituels, où elles servaient à exprimer des rôles liés au soin, à l’éducation et à l’alimentation. Si beaucoup figurent des femmes avec des enfants, d’autres représentent également des hommes, souvent sous les traits de pédagogues ou d’accompagnateurs. Ces images rappellent que l’éducation des enfants dans l’Antiquité n’incombait pas uniquement aux mères, mais engageait un réseau plus large de personnes, incluant des hommes et des femmes réduits en esclavage. En inscrivant ces artefacts dans des débats historiques et anthropologiques plus larges, je montrerai qu’ils offrent un accès privilégié à la construction sociale du soin (care) dans des sociétés dont les sources littéraires sont majoritairement androcentriques. In fine, cette intervention souligne la manière dont les figurines matérialisaient les complexités de la pratique du « parentage », révélant comment les communautés antiques concevaient la répartition des responsabilités entourant l’enfant.


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Pierre-Luc Brisson

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