Ariane LEFEBVRE

« en la ramembrance de la haute renommee du bon roi Artu ». Étude de la porosité des frontières fictionnelles : noms propres et désignations dans Artus de Bretagne

Doctorat en Études littéraires, concentration littérature médiévale

Sous la codirection d’Alban Baudou et Christine Ferlampin-Acher


Pendant longtemps, la critique a circonscrit la littérature médiévale à trois matières élaborées par Jehan Bodel : la matière de Rome, la matière de France et la matière de Bretagne. Bien qu’aujourd’hui les chercheurs aient conscience des limites de cette tripartition, les œuvres médiévales sont encore bien souvent regroupées sous ces acceptions. Ainsi, Artus de Bretagne, roman en prose de la fin du xiiie siècle, est classé parmi les œuvres du corpus arthurien tardif qui regroupe des romans en vers ou en prose aussi appelés romans néo-arthuriens.

En tant que vecteur de la matière, le nom propre, présent dans le prologue ou les titres attribués à une œuvre, représente souvent la première rencontre entre le lecteur et le texte et conditionne l’« horizon d’attente » du récit. Sans doute est-ce ce qui a incité les imprimeurs des éditions anciennes d’Artus de Bretagne et la critique moderne à traiter de l’œuvre comme d’un roman arthurien : son titre renvoie au roi Arthur et à la Bretagne et sa première partie lui assure une position dans l’univers arthurien en convoquant des personnages comme les chevaliers de la Table ronde et le roi Arthur, le protagoniste apparaissant comme descendant de Lancelot. Pourtant, il appert que les personnages venus de l’univers arthurien ne constituent pas la principale préoccupation du récit : plusieurs autres noms propres circulent dans le texte et annoncent la présence d’autres matières.

Le nom propre paraît finalement offrir un riche champ d’investigation pour saisir la poétique du roman arthurien tardif qui, loin de se limiter à une seule matière, déconstruit les frontières de la fiction, joue sur les décalages et sur les limites du réel et organise une image du monde annonciatrice des bouleversements d’un xive siècle naissant. Ce sont ces particularités que j’explore dans ma thèse grâce à l’analyse des différentes modalités du nom propre, de ses conditions d’apparition, et de leurs conséquences sur la poétique du roman.

Mots-clés : Onomastique ; Réception ; Transfiction ; Intertextualité ; Genres littéraires ; Matières littéraires.