Yann VADNAIS

La place du discours Sur la vertu et de la Réponse à Maxime dans l’œuvre de Thémistios et leurs rapports avec l’Empereur Julien et son entourage

Maîtrise en études anciennes

Sous la direction de Jean-Marc Narbonne


Ce mémoire consiste à traduire et à interpréter un discours inédit en français du philosophe et orateur Thémistios (317-388 EC). Bien qu’il nous soit parvenu seulement en syriaque et qu’il ait suscité peu d’intérêt chez les chercheurs, ce discours intitulé Sur la vertu est considéré l’un de ses meilleurs. Il s’adresse à un public « déjà familier avec Platon et Aristote » et présente un modèle atypique de la philosophie décrivant trois voies menant à la vertu, qui sont enseignées par trois écoles philosophiques : celle d’Épicure, celle d’Aristote et celle des cyniques. Thémistios y défend des thèmes qui lui sont chers : le philosophe doit participer à la vie civique ; il ne doit pas se gêner de réprimander les puissants, à cause de son privilège et son devoir de parrhèsia (« franchise ») ; l’utilité pédagogique de son message « philanthropique » est si bénéfique qu’il lui convient de s’adresser à des groupes de gens plutôt qu’à des initiés.

« Que personne ne vienne donc nous diviser la Philosophie en plusieurs branches, ni la découper en plusieurs parties (…). De même que la vérité est unique, de même est la philosophie ; et il n’est nullement étonnant que nous nous acheminions vers elle par des routes différentes. » 
Empereur Julien, Contre Héracleios le cynique (215c-217b)

Nous soutenons l’hypothèse que le discours Sur la vertu répond en fait au discours Contre Héracleios le cynique (mars 362) de l’Empereur Julien, tandis que le discours Contre les cyniques ignorants (mai 362) réplique à son tour à celui de Thémistios. Sous le prétexte de définir le cynisme, cette controverse culmine dans un débat sur « l’unité de la philosophie ». La toile de fond de cette recherche concerne les transformations sociales, institutionnelles et civilisationnelles de l’Empire romain d’Orient au IVe siècle, dont l’entourage de Julien représente un échantillon significatif.

Mots-clés : Constantinople ; Empereur Julien (entourage de l’) ; Maxime d’Éphèse ; philosophie tardo-antique ; rhétorique ; Thémistios ; Troisième sophistique