Pierre-Luc Brisson – Université Laval (20 octobre)

« Faire l’expérience de la guerre urbaine : le cas de Carthage (146 a.C.) »

Résumé

En 146 a.C., les troupes romaines commandées par Scipion Émilien firent le siège de la colline de Byrsa, dernier bastion de la résistance carthaginoise, au terme de trois années de siège de la métropole punique. Appien décrit avec force images, dans le Livre africain, les derniers moments du siège — auquel prit notamment part l’historien Polybe — et qui donnèrent lieu à des scènes d’une violence extrême. 

Cette conférence cherchera, d’une part, à analyser la nature propre de la guerre en milieu urbain aux époques contemporaine et ancienne, pour permettre de mieux apprécier, d’autre part, la nature des combats survenus à Carthage en 146, en nous appuyant sur le récit livré par Appien et sur les résultats des fouilles archéologiques menées sur le site. Tant la nature particulière du champ de bataille, que l’environnement sensoriel de la guerre urbaine ont pu contribuer à rendre cette expérience « extrême » hautement traumatisante pour les soldats romains. Bien plus, cette réflexion sur la nature de la guerre urbaine nous permettra de nuancer le portrait du légionnaire romain, encore trop souvent dépeint par certains savants comme une « machine de guerre », un tueur et un violeur, immunisé au spectacle des massacres. Sans remettre en cause le caractère brutal de la conquête romaine et la nature de la guerre à l’époque hellénistique, une meilleure appréciation des ressorts psychologiques nous permettra d’approfondir nos connaissances sur les causes de la supposée « brutalité » romaine, qui s’est indéniablement exprimée lors de la prise de Carthage.